Soins

Notre corps est notre seule maison, notre plus fidèle compagnon, présent de la naissance à la mort. Sans lui, aucune expérience possible.

Tout ce que le corps peut faire est potentiellement agréable : voir, entendre, toucher, goûter, humer ; boire, manger, marcher, courir, chanter, danser, faire l’amour, nager, caresser, sentir un parfum, écouter de la musique, regarder le ciel. Le toucher est le seul sens qui nous est vital : un bébé qui n’est pas touché se laisse mourir, il en va de même dans de nombreux cas de dépression.

Et pourtant, c’est un étranger, nous l’utilisons pour parvenir à nos fins, comme un esclave, s’il fatigue, on le cravache. Par tous les moyens; on veut qu’il fonctionne, la plupart du temps avec une alimentation inadéquate (trop, trop peu, empoisonnée). En bref, nous n’écoutons pas ses besoins et sommes tout surpris et frustrés quand il se détraque et manifeste les pires douleurs. Il devient ainsi notre ennemi juré. Et comme si cela n’était pas suffisant, lorsqu’il est malade encore faut-il se battre contre cette trouble-fête, la maladie, et attention ! Mieux vaut gérer la lutte de manière efficace.

Quoi qu’il en soit, si les fonctions du corps ne sont pas utilisées, la vie a peu de valeur, elle en devient morne et triste ….

Pathos, en grec ancien se traduit par « ce que l’on ressent », ce qui a donné sympathie : harmonie des sentiments avec l’autre, empathie : ressentir le sentiment de l’autre. Ainsi la pathologie est l’étude de ce que l’on ressent, c’est le langage du corps, de ses interactions avec son environnement, ce qui permet de nous relier aux autres, nos relations.

C’est de l’énergie qui s'extériorise, en latin motio c’est le mouvement mais aussi le frisson… expression de la vie en soi. Les émotions nous signalent qu’il se passe quelque chose qui mérite notre plus haute attention, ce sont des réactions physiologiques elles ne durent pas plus de quelques minutes à ne pas confondre avec les sentiments qui en sont la version mentalisée.

L’éducation, l’environnement social, culturel brime toute expression émotionnelle, or les émotions qui ne peuvent être vécues deviennent destructrices générant violences, jeux de pouvoir, non-dits parce que pas su dire, demander, exprimer. Non seulement elles sont effrayantes, mais en plus elles sont contagieuses, se collectionnent, font écran dans notre relation à l’autre.

Soit les réactions fusent, en mots, en gestes, en vrac, de façon inappropriée, et il ne nous reste que les yeux pour pleurer sur les dégâts causés. Soit l’énergie est intériorisée. Bloquées dans leur mouvement, les émotions créent des tensions, des nœuds dans les muscles du corps. Si nous ne les libérons pas, elles se condensent au point de s’inscrire dans notre ADN, deviennent des maladies physiques ou psychiques, se transmettant de génération en génération.

Lorsque nous apprenons à déchiffrer leurs codes, nous comprenons mieux ce qui se passe en nous et comment réagir face à une situation donnée. Un fois apprivoisées, leur expression est plus fluide, moins chargée. Alors, allons ressentir, identifier, nommer, comprendre.

C’est notre chef d’orchestre, il nous permet d’analyser une situation, faire un choix et agir en conséquence. Il est volontaire, adore s’occuper sur tous les fronts, trier les mille informations que nous recevons, faire des liens pour comprendre et donner du sens. Il adore la perfection. Il n’est pas soumis aux contraintes de l’espace et du temps. Pour lui, tout est instantané. Son identité c’est l’ego. Son drame : il n’a que les pensées sur lesquelles s’appuyer. Notre drame et notre salut : sa puissance, car du mental découlent nos paroles et nos actes.

Confronté aux limites du corps pour la réalisation de ses idées, il se transforme très vite en tyran. C’est notre juge, notre saboteur, la petite voix qui répète sans relâche "t’as pas fait ci ; t’est nul ; t’aurais dû, faut positiver, etc.".

Pour nous éviter de souffrir, il a construit toutes sortes de stratégies de protection. Même obsolètes, il continue de les entretenir au cas où ça pourrait servir, par habitude (honte, culpabilité, toute-puissance, évitement, faible estime de soi, soumission, distance, jugements, croyances, idéaux). Quand il s’agit de sauver sa peau, il sait utiliser des arguments forts : peur, sécurité, valeurs. Tous les masques lui vont bien afin de résister aux changements qui se pointent à l’horizon. Il déteste l’inconnu.

Quand il ne ressasse pas le passé, il est en train de chercher la meilleure solution possible à nos problèmes ou, se perd en projets. Bref, il nous soûle. À tourner dans notre tête tel le hamster sur sa roue, il nous fait perdre l’appétit, le sommeil et si nous nous laissons emporter, la folie nous guette.

Il me fait penser à certains caractères de dessins animés qui essaient désespérément de faire tenir leur petit monde avec tous leurs membres, qu’ils multiplient pour l’occasion, se retrouvent dans des situations rocambolesques avant de se rendre compte qu’ils sont déjà au-dessus du vide ….

Il mérite que l’on prenne de la distance, le regarde, lui permette de relativiser et de se détendre.

Nous savons tous que nous ne sommes pas que des corps en mouvement et qu’une autre force nous dirige, cette mystérieuse tendance de la matière à s’organiser et à monter les échelons de la complexité jusqu’à prendre conscience d’elle-même ou sa faculté d’auto-observation. Toute vie est animée par ce souffle. Cette notion se retrouve dans la pensée de la plupart des peuples de l’Antiquité : « Rouach » chez les Hébreux, « Pneuma » chez les Grecs, « Prâna » chez les Indous, « Qi » chez les Chinois, « Kâ » chez les Egyptiens. Hippocrate en parlait ainsi : « Elle est la plus puissante force de cohésion et d’action de tout ce qui existe. Cependant, elle est invisible à l’œil : seul le raisonnement peut la concevoir. En effet, sans elle, rien ne prendrait naissance. Elle n’est absente de rien ; on la retrouve dans tout » De nos jours les scientifiques de tous horizons, des neurosciences à la physique quantique en passant par la biologie et la psychologie, planchent sur la notion de conscience. Mais qu’est-ce qui nous anime ? Qu’est-ce qui nous fera sentir en paix, au moment de mourir ?

Sans aborder des notions fugaces, je crois que nous avons tous le désir d’être bon, d’évoluer vers une meilleure version de soi, de rechercher l’harmonie et la stabilité. Or, ces aspirations sont constamment contrariées dans la vie de tous les jours, par notre environnement soit-il familial, professionnel ou amical. Pratiquer une forme de spiritualité c’est exactement de ne pas perdre de vue ces aspirations et les mettre en œuvre autant que possible.

Bien des traditions ont développé des exercices pour parvenir à réaliser une avancée dans le sens du meilleur, à nous éloigner de la souffrance générée principalement par nos limitations mentales qui influent sur notre vision de la réalité, notre perception du monde.

Ainsi la méditation, le mindfulness, la foi, œuvrer pour son prochain, les rituels, les danses, la prière - servent à court-circuiter le film du mental et à nous connecter à notre cœur, à notre bonté fondamentale. Il ne s’agit pas de partir dans une grotte tels les mystiques d’une époque, mais bien de veiller à tout instant de nourrir ce cœur. Plus on y consacre de temps et plus il devient facile de développer cette tendance. C’est comme pour tout apprentissage, si nous passons une heure par jour à écouter/étudier une langue étrangère, nous aurons de meilleurs résultats que si nous n'y consacrons que 5mn. Mais 5mn par jour c’est mieux que rien du tout. Et si le goût nous vient, il est alors possible de développer cet apprentissage jusqu’à l’expertise, quel qu'en soit le sujet, fut-il la créativité, le zen, le soufisme, le respect, la générosité, prendre soin. Ainsi toute situation du quotidien peut être prise comme un entrainement selon la personnalité de chacun. C’est notre contribution au monde.

opsss #youpi

Ceux qui se sont ouverts à cette mystérieuse Essence, ont témoigné de ses qualités, notamment celle de guérison. Il serait dommage de la négliger puisqu’elle se manifeste au travers des plantes, par exemple.